Fiche d’information pour les patients : Carcinome de
Merkel
Qu’est-ce que le carcinome de Merkel ?
Le carcinome de Merkel est une tumeur cutanée neuro-endocrine rare
(c’est-à-dire qu’elle vient de cellules qui combinent des caractéristiques
nerveuses et hormonales).
Le nom vient des « cellules de Merkel », présentes dans la peau et
impliquées dans des fonctions sensorielles.
Un virus appelé polyomavirus de Merkel (MCPyV) est détecté dans plus de 80 %
des cas de carcinomes de Merkel.
Épidémiologie et facteurs de risque
Fréquence & tendance
- Le CM reste rare, mais
son incidence est en augmentation depuis les années 1990.
- Dans la cohorte
française du réseau CARADERM (2015-2020), 55 % des patients étaient des
hommes, l’âge médian au diagnostic était 78 ans.
Facteurs de risque
Les facteurs de risque identifiés incluent :
- Âge avancé (majorité
des cas après 65 ou 75 ans)
- Sexe masculin
(prédominance)
- Phototype clair,
antécédent d’exposition solaire importante, localisation fréquente sur
zones de peau exposée (tête, cou, membres supérieurs)
- Immunodépression
(transplantation d’organe, VIH, leucémie lymphoïde chronique…) : le risque
est multiplié (selon certaines études x8 à x24).
- Infection par le
polyomavirus de Merkel (MCPyV) : présent dans ≈ 80 % des tumeurs.
Signes cliniques
Le carcinome de Merkel se présente typiquement comme :
- Un nodule ou une
tumeur unique de croissance rapide.
- Une consistance ferme.
- Une couleur chair,
rouge-violacée, avec une surface souvent lisse et brillante.
- La lésion est souvent
indolore et asymptomatique.
- Les zones de
prédilection sont celles exposées au soleil : tête et cou, membres
supérieurs.
- La lésion peut être
mal limitée ou ulcérée, et des adénopathies régionales (ganglions) peuvent
apparaître si l’extension survient.
Classification / stadification
La stadification prend en compte :
- Taille maximale de la
tumeur cutanée, extension extra-cutanée.
- Présence de métastases
ganglionnaires régionales.
- Présence de métastases
à distance.
Un examen du « ganglion sentinelle » est essentiel car une atteinte
ganglionnaire infraclinique est présente dans 30 à 50 % des cas même sans
adénopathie clinique.
Examens complémentaires
Pour évaluer l’extension, on réalise :
- Une échographie des
ganglions.
- Une imagerie du
corps entier : TDM cervico-thoraco-abdominal (TAP) ou PET-TDM.
- Une IRM cérébrale selon
le stade ou symptômes.
Évolution & pronostic
- Le pronostic est moins
bon si présence des facteurs suivants : sexe masculin, âge avancé, stade
au diagnostic élevé.
- La plupart des décès
survient dans les 3 premières années.
- Les patients ayant un
stade I, II ou III ont un meilleur pronostic que ceux ayant un stade IV.
- Il est intéressant de
noter qu’une étude plus récente a montré que les patients qui n’avaient
pas d’atteinte ganglionnaire avaient un excellent pronostic.
Traitement
La prise en charge doit être discutée en réunion de concertation
pluridisciplinaire (RCP) dans un centre expert (comme ceux du réseau CARADERM).
Forme localisée (sans adénopathie palpable) :
- Exérèse chirurgicale
large du primitif ou chirurgie de Mohs selon localisation.
- Radiothérapie
adjuvante du lit tumoral (dose > 50 Gy).
Forme avancée (adénopathie palpable / N+ macro) :
- Curage ganglionnaire
puis radiothérapie adjuvante de l’aire ganglionnaire.
Forme métastatique :
- Immunothérapie
(anticorps anti-PD-1 comme pembrolizumab ou anti-PD-L1 comme avelumab) en
première ligne.
- Chimiothérapie (sels
de platine + étoposide) si besoin.
Surveillance & suivi
Un suivi rigoureux est crucial du fait du risque élevé de récidive,
surtout dans les 3 premières années.
- Auto-examen cutané
par le patient
- Examen clinique rapproché
durant les 3 premières années, puis espacé selon évolution.
- Imagerie :
échographie ganglionnaire +/- TDM-CTAP ou PET-TDM et IRM cérébrale, selon
le stade et évolution.
Informations pratiques & soutien
- Le réseau CARADERM
est un dispositif national français pour les cancers rares de la peau et
peut orienter vers un centre expert.
- Votre médecin peut
vous orienter vers une RCP (réunion de concertation pluridisciplinaire)
spécialisée.
- Des associations de
patients et des ressources internet fiables peuvent vous accompagner.
- Gardez un carnet de
suivi avec toutes vos visites, résultats, traitements et rendez-vous.